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En tant qu’ex enseignante universitaire des filières technologiques en France, j’ai souhaité pouvoir aider sur place mes jeunes compatriotes péruviens dans le cadre associatif au Pérou. C’est ainsi que nous sommes restés à Collique (mon mari et moi) pendant la première semaine de novembre 2022. Comme marraine et membre du bureau de l’Association Pérou Amitié Solidarité, on m’a confié la mission d’améliorer le suivi des jeunes « parrainés » pour les études.  Il s’agit d’étudiants qui ayant fini le secondaire, souhaitent poursuivre leurs études et réussir leur projet professionnel, tout au moins, trouver un métier qui leur permette d’en vivre. 

Cette mission avait une importance particulière car ayant suivi et parrainé ces jeunes depuis leur enfance, il nous paraissait impensable de les laisser seuls à un moment clé ou leur destin pouvait basculer. En effet, vu leur cadre de vie et le manque de ressources de leurs familles, ces jeunes seraient obligés d’aller chercher un travail sans aucune qualification. Pour les filles cela se traduit la plupart du temps par le travail d’auxiliaire chez les familles des quartiers résidentiels, ou comme commerçantes ambulantes aux quatre coins de la capitale, Lima. Cela implique que lorsqu’elles seront mères de famille, elles confieront leurs enfants à un parent ou ami dans le bidonville. Pour ce qui est des garçons cela suppose trouver un travail mal rémunéré comme commerçant ambulant, gardien dans des maisons, etc. mais il y a aussi un risque qui est celui de gagner de l’argent beaucoup plus facilement de manière illégale, en intégrant des groupes où ils se verront confier des missions de vols ou trafics de drogues. Le taux de délinquance a augmenté à Collique c’est pourquoi il est essentiel qu’ils apprennent un métier pour pouvoir s’en sortir.

Une fois sur place, nous avons réuni dans le réfectoire de l’Association tous les jeunes étudiants pour les informer de notre présence, des nouvelles dispositions de l’Asso concernant l’aide financière pour les études et l’aide que nous pouvions leur apporter au niveau de l’orientation et poursuite des études.   Nous avons souhaité les responsabiliser : En tant que membres bénéficiaires de l’association  ils ont des droits mais aussi des devoirs:

• ils doivent utiliser la totalité des sommes qui leur sont allouées pour payer leurs études 
•  ils doivent présenter chaque mois les justificatifs de paiement des universités ou autres instituts, condition préalable pour l’obtention de l’aide
• Ils doivent opter prioritairement pour des études de trois ans sauf projet professionnel clairement identifié.
•  Ils doivent s’impliquer dans le fonctionnement de l’association (tutorat d’un jeune étudiant) une fois finies leurs études, sinon l’avenir et la pérennité de celle-ci sera en danger.

C’est pour cela que nous avons procédé à la nomination de deux délégués volontaires, interlocuteurs privilégiés entre les étudiants et le bureau de l’Asso afin de mieux communiquer et d’assurer le suivi de chacun d’eux.

A la fin de cette réunion, nous avons proposé aux étudiants un coaching individuel pour les aider à mieux se connaître eux-mêmes (qualités, compétences mais aussi points faibles, goûts et prédispositions) et choisir leur orientation.  Nous leur avons aussi expliqué comment se servir d’Internet, pour découvrir les différents métiers et les universités ou instituts auxquels ils peuvent s’adresser ainsi que la durée, la localisation et le programme académique de la formation choisie.

Nous avons pu nous entretenir aussi avec les étudiants qui ont déjà fini leurs études et qui travaillent à présent.  Cette réunion nous a permis de mettre un visage sur chaque prénom que nous avions l’habitude d’entendre lorsque nous nous réunissons avec le bureau en France. L’ambiance était au beau fixe et nous avons compris à quel point ces jeunes sont livrés à eux-mêmes car leurs parents sont dans l’impossibilité de les aider, soit par manque de connaissances soit par manque de temps à leur consacrer.  Avant de nous quitter nous avons dégusté quelques gâteaux et boissons. Nous en avons aussi profité pour distribuer quelques dons (principalement vêtements, accessoires  et chaussures) offerts par quelques familles péruviennes. 

Depuis lors les délégués font preuve d’efficacité dans la gestion du suivi des étudiants. Ils nous ont présenté des tableaux récapitulatifs où sont consignés l’ensemble des données des étudiants répertoriées selon leur orientation et les justificatifs de paiement correspondants.

Nous sommes en contact permanent avec les délégués, qui ont déjà réussi à organiser une nouvelle réunion d’information pour les parents et les étudiants.   

                                                                                                     Ana Rosa GOUDRIAS